Pour poursuivre nos lectures thématiques du mois de juin, nous avons demandé à Daniel Grenier, auteur et traducteur allochtone de Québec, de nous donner ses coups de cœur en littérature autochtone. Il a choisi 4 livres qui, selon lui, mériteraient d’être davantage connus.
Piisim Napeu
Georges Pisimopeo
Éditions Hannenorak
«C’est un superbe recueil de textes courts, qui vont des souvenirs d’enfance jusqu’à l’âge adulte. L’auteur ne fait aucune concession sur la beauté et la laideur des souvenirs; il y a beaucoup de lumière et de noirceur en même temps.»
Le 2 juin dernier, l’écrivain Kevin Lambert consacrait d’ailleurs sa carte blanche dans La Presse à ce recueil, en disant d’entrée de jeu : «On ne peut pas comprendre l’histoire du Québec sans avoir lu Georges Pisimopeo.»
Neige des lunes brisées
Waubgeshig Rice
Traduit par Yara El-Ghadban
Mémoire d’encrier
«L’auteur campe l’action de ce roman court mais plein de suspense dans une communauté anishinaabe, alors que survient une espèce d’apocalypse. C’est un retravail du mythe du Wendigo, l’homme blanc qui arrive sur la réserve et qui bouleverse tout. C’est aussi une réflexion sur l’avenir de l’humain et de la planète.»
L’amour au temps d’après
Sous la direction de Joshua Whitehead, avec les textes de Nathan Adler, Darcie Little Badger, Gabriel Castilloux Calderon, Adam Garnet Jones, Mari Kurisato, Kai Minosh Pyle, David Alexander Robertson, jaye simpson et Nazbah Tom
Traduit par Sophie Voillot
Éditions Alto
«Avec cette anthologie, on voit à quel point la littérature autochtone est diversifiée. C’est de la science-fiction qui voit loin dans le futur, avec un côté queer; les textes amènent des réflexions sur l’avenir autochtone et celui de la société en général. Plusieurs textes sont d’auteurs et autrices qui n’ont pas été traduits en français avant et qui mériteraient d’être davantage connus.»
nîtisânak
Jas Morgan
Traduit par Michèle Plomer
Marchand de feuilles
«Jas est un·e auteurice extraordinaire, et son livre est un pur écrit politique et en même temps hyper poétique.»
C’est comment, traduire des ouvrages autochtones quand on est allochtone?
«Je le fais dans des circonstances idéales pour un traducteur allochtone, notamment avec les Éditions Hannenorak et Mémoire d’encrier. Ça adonne que certains auteurs et autrices autochtones sont parmi les traductions les plus fun que j’ai eues à faire!
Je ne veux pas devenir une personne-ressource en traduction autochtone, ce n’est pas ma place. Je tiens à ce qu’il y ait une lecture sensible de ma traduction par une personne autochtone, par exemple. Ce qui est intéressant, c’est de se poser la question de l’usage du français québécois, que j’ai toujours mis de l’avant dans une sorte de défense du français comme on le parle ici. En même temps, ça me fait me poser des questions sur cette langue qui est alors utilisée dans un contexte colonial.»
Daniel a notamment traduit Charlie Muskrat de Harold Johnson aux Éditions Hannenorak, et est l’auteur des Constellées (Marchand de feuilles) et Héroïnes et tombeaux (Héliotrope).